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Tous ces projets ne seront pas forcément réalisés exactement comme je l'imagine, mais tous auront une forme très bientôt.


Attention à la marche

Quand vous êtes enfant, vous apprenez à marcher. 

Ceci est devenu un film, Stochastics, vous pouvez trouvez le scenario ci-dessous.

Voici une vue de la version intallée à Orléans, France, lors d'une exposition à l'Agence d'Urbanisme. L'autre installation, avec les codes Datamatrix sur pellicule 16mm film et ailleurs sur ce site, s'appelle Dumbphone. Vous pouvez voir le film sur le site en scannant les codes du film 16mm.


 

Vous n’analysez pas forcément vos gestes. Pour une grande partie des garçons du monde, et une petite minorité des filles, il y aura une autre occasion d’y réfléchir ; son service militaire. Ce film raconte en partie comment j’apprends à marcher, en partie comment nous regardons et en partie comment viser les bonnes cibles. 

Dans les capitales du monde, il y a presque toujours une place, ou une avenue, conçue pour permettre des défilés militaires. Ces lieux servent, la plupart du temps, à des flâneries des citoyens, mais se transforment, même de nos jours, en vitrine de force militaire un jour ou deux par an. 

Attention à la Marche est une recherche sur ces places et leurs possibilités plastiques, partant de Paris et faisant un tour du Monde pour prendre en photographie les images nécessaires à la production du film. Le tour prendra en route Athènes, Berlin, Madrid, Moscou, Pékin, Rome, Washington, Tokyo, Londres pour retourner ensuite à Paris. L’intérêt de ces villes est la plus ou moins grande visibilité, et donc le souvenir de la fonction hégémonique de leur grande place, même si celle-ci est une arme à double tranchant pour beaucoup d’entre elles, la notoriété de la Place Tiananmen étant exemplaire. 

Il s’agira d’un film à déclinaisons multiples (avec la possibilité d’obtenir des versions en 120mm, 35mm, 16mm, video, etc), partant des photographies d’un simple cycle de marche sur ces places, des vues consecutives des cieux et des modèles du globe dans les observatories de ces villes autour du Monde. Ces vues forment des films fabriqués à partir de rouleaux de pellicule 6/6, sur lesquels il n’y a que, généralement, douze images. Le rouleau n’est pas coupé, mais recollé à son point de départ et peut être projeté, avec un système de projection artisanal, ou imprimé comme zoétrope, tiré en série, ou bien numérisé pour une utilisation diversifiée. 

1 partir de ce point de départ, je recherche des déclinaisons des diverses possibilités techniques qui peuvent mener à des travaux sonores ou vidéographiques, travaux qui analysent les aspects esthètiques de la politique urbaine et nationale. Les cycles de photographies  dépendent des possibilités des lieux en question ainsi que leur rôle (toutes les places ne sont pas construites pour les défilés, leur rapports au pouvoir ne sont pas toujours fixes). Je dois, donc, rester ouvert quant à leurs finalités. Dans un premier temps, j'ai fait des films primitifs et déclinables qui utilisent un procédé simple de rétention de vision, pour en faire des boucles de douze images. 

Ce qui est primitif dans ces films relève de leur rapport avec le problème de la captation et de la restitution du mouvement, au premier abord, il n’y a ni de narration récital ni d’aspect discursif de ces films. Le seul acte, marcher, a lieu d’une manière linéaire pour la figure et dans 360° pour la place en question. 

Je pensais au moment de faire le premier, à Pékin, à la façon dont le cinéma se trouve piègé par la technologie, on ne voit presque plus de plans fixes, la caméra est en déplacement permanent, ce qui logiquement rend la mise en scène extrèmement difficile ; on peut filmer les décors en mouvement, mais la précision (quant à ce qui est visible dans la scéne) se dilue. Je voulais revenir à des formes plus anciennes de l’illusoire et la Place Tienanmen me permettait de capter un des lieux les plus photographiés du Monde en montrant tout, ce qui le rend presque invisible. 

En même temps je pouvais me référer à l’incapacité de faire du cinéma qui est le constat frustrant de Marey ou Muybridge ; ils pouvaient voir comment le mouvement se produisait sans pouvoir le reproduire de façon satisfaisante, le cinéma leur demeurait abstrait. Ma position, qui est toujours difficile � estimer sans regarder dans l’objectif, et son rapport à l’exactitude du mouvement est re-questionnée par la précision de la pellicule 6/6, une précision perdue lors de sa numérisation, ici. 

La manière dont nous appréhendons cette position dans le mouvement linéaire et rélatif me rappelle un problème mathématique, Le VRP Stochastique, problème qui me semblait une très belle métaphore pour le déplacement spatio-temporel dans un monde qui avance à la fois vers la fragmentation et le mondialisation. Au début, quand j’ai vu le traitement de ce problème en mathématiques pures, je me suis laissé séduire par le charme de cette idée. Le fait que l’avancée de la science rende incertain ce que savait prouver les Grecs anciens me semblait amusant, même si le problème en soi me semblait assez futile, un prétexte à faire des mathématiques. Après avoir pris contact avec une des personnes qui étudiaient cette question aux Etats-Unis je me suis rendu compte qu’ils travaillaient afin de trouver des vraies réponses à des questions liées aux envois de fusées, et donc de missiles et que c’était de la recherche militaire. 

Ma naïveté ici m’a rappelé une autre occasion, dans une salle de montage, lors de la démonstration d’un logiciel qui permettait de fixer sur l’écran un objet situé à un point donné sur l’image en mouvement et de le garder à ce même endroit sur l’écran. Du coup, l’image en mouvement devait se déplacer de son cadre autour de ce même point fixe. L’effet était surprenant et donnait des possibilités à explorer le virtuel que je n’avais pas encore vues. En cherchant un peu plus, il s’est avèré que l’application était issue, comme tous les plus beaux jouets, des recherches militaires, dans l’occurrence, pour mieux viser des cibles mouvantes. 

Ce projet, donc, est issu d’une réflexion sur la confusion que l’on peut éprouver à propos de la pureté de la recherche, que ce soit en science, en sciences humaines ou en art. Chaque élément de ces recherches est tributaire des formes de recherches ancrées dans une forme de realpolitik. Ainsi ils sont à la fois en contradiction et en phase avec les mœurs du chercheur actuel, sans pour autant qu’il puisse opérer une dialectique. Les écarts entre les domaines de recherches et l’aveuglement ou l’autocensure dû à la sur-spécialisation amènent chacun à abstraire sa pratique et la figer, en deux dimensions, comme une image (en travaillant sur un problème spécifique des mathématiques pures, on peut ignorer facilement ses applications impures). 

Comme le VRP j’aurai essayé de revenir au point du départ. Cela dit, dans le temps
qui s’écoulent entre le début et la fin du film, la planète sera incalculablement plus loin dans son orbite autour du soleil, et j’aurai gagné des jours ou des années et porterai donc un décalage temporel. 

Compte tenu de la difficulté de se resituer par rapport au Soleil je ne pourrai jamais retrouver mon point de départ, je ne parle même pas de la situation dans la galaxie.